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Mouillage patagon à Mangareva

Non, nous ne sommes pas redescendus vers l’Amérique du Sud pour aller déguster des conditions patagonnes au mouillage. Il a suffi de rester bien tranquillement à Mangareva.

mouillagePaisibleRikitea.jpg

Le paisible mouilllage de Rikitea, transformé pour un soir en marmite bouillonnante et tourbillonnante

Un samedi soir, juste une semaine après être arrivés, je dormais déjà et Tomtom allait me rejoindre, après avoir jeté un œil à la météo qui indiquait que le vent se calmerait … Mais au moment d’aller dormir, quelques éclairs ont commencé à éclairer par intermittence le mouillage. Pas grave, Tomtom a mis à la masse la plupart de nos équipements électroniques, placé l’ordinateur dans le four, etc… Juste avant un énorme hurlement dehors, arrivant d’on ne sait où, qui a couché le bateau. Un autre. Encore un autre. Tomtom a sorti la tête dans le cockpit pour observer ce qui se passait … pour constater que le vent, non content de souffler à 40, 50, 55 (notre anémomètre était débranché, les voisins ont lu 57), tournait violemment à 180° : pris plein vent arrière, le bateau s’est retrouvé plusieurs fois propulsé vers l’avant et arrêté net par l’ancre.

Et effectivement, ça nous a bien secoués. Le moteur était prêt à démarrer, au cas où l’ancre aurait commencé à chasser ; le GPS allumé ainsi que l’ordinateur pour surveiller notre trace et le déplacement éventuel du bateau (et aussi pour aller mouiller plus loin, de nuit, si l’ancre chassait), la VHF sur 16 pour « discuter » avec les autres bateaux si besoin, et Tomtom dans le cockpit pour surveiller notre position relativement à quelques rares amers visibles, ainsi que les autres bateaux.

C’était violent. Pas très long (une bonne heure) mais brutal. Car non seulement le vent soufflait comme le loup sur la maison des petits cochons, mais les tourbillons emportaient le bateau d’un côté sur l’autre, le faisant gîter comme au près… Pas de quoi nous rassurer, car notre gréement avait été déshabillé de ses sécus les plus grosses (celles qui faisaient de la prise au vent) et nous craignions de voir le mât tomber, ç’aurait été dommage, alors qu’on venait de le préserver pendant 2000 milles de mer !! Sans compter que nous avions mouillé assez près de la côte et des récifs, et si l’ancre lâchait prise il nous fallait réagir très très vite pour ne pas aller nous échouer…

Finalement, on n’a eu aucun problème avec ces deux soucis-là : le mât est resté là, sagement, même s’il a fait des bruits bizarres, et l’ancre doit être enterrée à un mètre dans la vase, on risque d’avoir du mal à la décrocher d’ailleurs. Merci la Spade, merci le mât.

En revanche, deux bateaux ont dérapé. L’un d’entre eux semblait maîtriser la situation (à coups de stress et de moteur), mais pas le deuxième. Ce dernier, qui mouillait là depuis 3 mois mais n’avait semble-t-il pas mis assez de chaîne, a chassé et le vent l’a poussé très près de trois bateaux, dont Schnaps, avant de les envoyer vers les récifs. Ce n’est pas rassurant, de voir un bateau dériver comme ça. D’abord on s’inquiète pour l’équipage, et puis pour nous aussi quand leur bateau vient à s’approcher du nôtre… Toutes les cornes de brume du mouillage ont retenti pour prévenir l’équipage, que nous ne voyons pas sur le pont ni dans le cockpit, afin qu’ils évitent de s’écraser sur les récifs. Ca a fini par payer, et en démarrant le moteur au dernier moment ils s’en sont sortis – tant mieux – mais on s’est tous demandé s’ils dormaient. Si c’est le cas, ils avaient dû prendre des tisanes sommeil tranquille ultra péchues !

Bref, pour en revenir à notre coup de vent, c’était un phénomène extrêmement localisé, qui a frappé la baie de Rikitea, qui a fait s’envoler des toits des fermes perlières, qui a froissé des tôles anticycloniques, qui a brisé des arbres… De quoi nous laisser groggy au petit matin. Les Mangaréviens, très philosophes, nous ont dit « oh ben ça arrive, peut-être une fois par an, c’est la nature, et puis il n’y a pas eu de pertes humaines et c’est le plus important ». Les autres voiliers nous ont dit que c’était la pire expérience de mer qu’ils avaient jamais vécue. Nous on a eu peur, mais ce n’était finalement pas grand-chose par rapport à ce qu’on a vécu en mer avec notre mât dansant sur nos têtes, surtout que ça a duré bien moins longtemps !


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7 comments to Mouillage patagon à Mangareva

  • Claire TABARY

    mais c’est pas vrai, même au mouillage, vous ne pouvez pas avoir la paix. C’est que ça a besoin de se relaxer une Clairette et un Tomtom, heureusement que la Schnaps Attitude a fait des merveilles, une fois de plus, et que votre ancre était…ancrée solidement. Peut-être que vos voisins avaient tout simplement abusé de la boisson locale? ça chauffe des fois pas mal, les liquides exotiques. Plus de peur que de mal, ouf!

    • Tomtom & Clairette

      La boisson locale ? Malheureusement, ici, on ne pourra pas blinder notre cave de souvenirs alcoolisés car il n’y a pas de fabrication alcoolique locale. A part un ou deux alambics dont on a entendu parler, mais sans les voir… Du coup on ramènera d’autres types de souvenirs, en particulier des souvenirs gustatifs bien ancrés dans nos papilles !! Mais c’est pour un prochain article…

  • Mamodile

    La Polynésie, le calme, se reposer… la philisophie mangarévienne… un coup de vent qui se transforme en conditions extrêmes, et on a un coup de frayeur rétrospectif…
    Bonne santé (retrouvée) à Schnaps, et encore de bons moments pour vous aux Gambiers, tout n’est pas parcouru ?!

    • Tomtom & Clairette

      Et non, on n’a pas parcouru tous les coins des Gambier. La faute au mât peu stable au début, à la commande de pièces à surveiller de près, au remontage de nos ficelles, à la météo parfois… Mais on a beaucoup beaucoup apprécié tous les endroits où l’on est allés, et pour ce qu’on n’a pas pu visiter, on reviendra dans une bonne dizaine d’années, pour le prochain voyage !

  • mamounnette

    Eh bien je ne savais pas qu’il y avait autant de risques !!!!
    Heureusement pour vous et les autres bateaux, c’est bien terminé…
    Profitez bien de votre fin de séjour aux Gambiers.

    • Tomtom & Clairette

      Les Mangaréviens nous ont dit que ce type de coup de vent n’arrivait qu’une fois par an, et encore, pas tous les ans… En tous cas nous sommes très contents de notre chaîne et de notre ancre, qu’on avait changés juste avant de partir !!

  • François TABARY

    Bonne nuit à vous,

    Entre deux activités informatiques nocturnes, je découvre un autre aspect de votre mouillage idilique dans les iles. Moi qui vous demandais tranquillement si les réparations faciles se passaient gentiment dans une bonne ambiance détendue au rythme calme des gens cools de là-bas !
    Je vois aussi que ces informations agitent notre dynamisme littéraire. Bon, nous sommes rassurés avec quelques semaines de décalage.
    Vous avez du trouver un treuil ou faire une bonne plongée pour dégager l’ancre. La qualité paye toujours.
    Grosses bises des Alpes.

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