Article écrit et posté en temps et en heure le 31 mars, mais à la mauvaise adresse ! Le voici donc en différé
Sur la carte papier de l’Océan Pacifique, on note toutes les 24 heures notre position, en plus de tout ce qu’on inscrit sur le livre de bord. Ça nous permet de nous situer (si l’ordi nous lâche), de visualiser l’avancée, de fêter le passage du pli de la carte…
D’un autre côté, dans la pétole, les points se rapprochent et c’est plutôt une frustration de se rendre compte du peu de distance qu’on a parcouru.
Enfin, depuis le huitième point, on a retrouvé du vent et les points se sont bien espacés. On a de la chance, car on a quitté la pétole entre 2 et 3° Sud, ce qui est assez rapide, vu qu’on y était rentrés par 1° Nord. En fait, on a vu sur les fichiers GRIB reçus par BLU que notre option Sud a bien payé, car nous avons longé par l’Est toute la zone sans vent, quasiment juste à sa limite ! Au final, on aura passé 4 jours avec très peu de vent, et on est assez fiers de n’avoir fait que 12h de moteur sur cette période.
Depuis, nous faisons du travers quand le vent daigne s’orienter Est-Sud-Est, du bon plein quand il tourne au Sud. Parfois il faudrait faire du près pour conserver le cap qui nous mènera à Pâques, mais le près est trop inconfortable pour nous et surtout pour le gréement qui prend des coups dans les vagues, donc on s’éloigne un peu de la route, sachant que les alizés devraient s’établir à l’Est un peu plus loin, ce qui nous permettra de reprendre un cap correct.
C’est que ça souffle. On descend rarement sous 18 nœuds, l’anémo monte à 25 parfois, le tout dans une mer qui déménage, au point de nous faire regretter le lac si confortable (aussi confortable qu’au mouillage) dont nous bénéficiions dans la pétole, il y a quelques jours.
Schnaps n’a pas tendance à taper dans les vagues (sa coque en V à l’avant est bien dessinée pour les écarter) mais il ne peut pas non plus faire des miracles dans une mer en bordel. Et puis les vagues le freinent, le tapent de côté, on entend les fessées qu’elles lui donnent sur la coque, le pauvre. Parfois aussi elles sautent sur le pont, mais on est assez bien protégés par la capote, les cagnards et le taud de pluie. Reste que l’une d’entre elles, plus vicieuse que les autres, est venue jeter un oeil et quelques larmes salées à l’intérieur : la couchette navigateur s’est retrouvée humide, le livre de bord et la carte papier également. Au passage, messieurs-dames du SHOM, ça serait malin d’inscrire les petites corrections sur les cartes avec une encre qui résiste à l’eau… Enfin cette vaguelette-là n’a rien à voir avec ce qu’on s’était pris sur la figure dans la mer des Caraïbes et tant mieux.
Eole s’amuse de concert avec Poséidon, et il nous intrigue un peu. On avait l’habitude de se méfier des nuages noirs annonciateurs de grains, et de profiter des accalmies sous ciel bleu, mais ici c’est l’inverse. On se prend des anti-grains : sous les nuages, pluie et pétole immédiate, surprenante, alors qu’on s’attend à un coup de force 6-7. Eole se reprend après cette accalmie, et on repart avec 22 nœuds et un ciel tout bleu. Les surventes arrivent sans prévenir et très brusquement, ça augmente de 10 nœuds d’un coup alors qu’il n’y a pas un nuage dans le ciel et à peine quelques moutons à l’horizon… Ce n’est pas facile de trouver les bons réglages de voiles : ne pas être sur-toilé pour prendre soin du gréement, mais le génois enroulé n’a vraiment pas une belle forme pour faire du près bon plein, ne pas être sous-toilé pour conserver assez de vitesse pour passer les vagues… comme le vent oscille tout le temps entre 15 et 25 nœuds, il faudrait être sans arrêt sur le pont pour manœuvrer (et s’apercevoir que le vent a eu le temps de changer à nouveau pendant la manœuvre ! ) : du coup, on est prudents et on garde la toile de 25 et on ralentit un peu quand ça mollit, tant pis, on n’est pas pressés !
Les nuits sont quand même un peu stressantes : le vent a systématiquement tendance à forcir, et dans le noir, surtout sous de gros nuages et sans lune, les sensations sont différentes, vite inquiétantes. On aimerait parfois que la mer prenne aussi son quart de sommeil, que les bruits s’atténuent, que la barre cesse de couiner (c’est la tension importante des drosses du régulateur d’allure qui la font couiner, et ces gémissements incessants sont pénibles, surtout quand ils s’invitent même à bord des rêves… )
c’est un peu comme si vous répondiez à quelques questions, comme ça, qui par hasard me viennent : mais comment font-ils pour avoir un temps de repos calme (non, non ce n’est pas un pléonasme !). Sachez que je me suis mise à la voile vitruelle : il m’arrive de me lever le matin en ayant navigué un peu avec vous, dans mes songes, si, si je vous assure ! même si Mamodile à bord ce ne serait pas un Kdô !
Je vais demander à la luuuuuuuuuuuuuneuuuuuuuuuuuu de vous faire un peu plus de lumière, même si elle n’a pas l’habituuuuuuuuuuuuuuuudeeeeeeuuuu de traiter des cas comme ça…
Bisous
La voile vitruelle ? C’est nouveau ? Et la voile vibétoneuse aussi ? la voile vibrouette ? :) :)
La lune elle nous a tellement éclairés que parfois, en se réveillant pendant la nuit pour prendre notre quart, on se demandait quel était le fqdmksjfqmdksj de bateau de pêche qui nous foutait son projecteur dans la figure ! On a scruté la production du panneau solaire la nuit mais c’était quand même pas à ce point là !
PS : aujourd’hui … il y a neuf mois que vous avez levé l’ancre de la petite France… on pense un peu plus à votre voyage et l’on vous souhaite de gentil(s) vent(s) pour la suite !
Pas tout à fait, on a quitté Lorient le 16 juillet, et la France métropolitaine le 19 juillet 2010 (c’est pratique un livre de bord ! )
Bonjour et merci pour les nouvelles, encore ! Et merci à Mamodile pour ses commentaires, c’est vrai 9 mois déjà et encore 7 mois pour vous voir à la mi novembre !
Encore bon voyage !
Bisous
On imagine bien le compte à rebours géant en déco dans le salon :)
Nous aussi on a hâte de vous voir…
Oui, oui, oui…j’y pense souvent. Mais je pensais que vous êtes déjà habitués et ne pouvez plus vous passer de cette cohue comme berceuse. Je me souviens bien comment c’était difficile pour dormir pendant les mouvements et tous ces bruits incessants et méconnus pour moi, alors que ça n’a été rien à priori au large du Portugal par rapport à ce que vous avez là. Bonne continuation.
Oui, on s’habitue, même si on a du mal à fermer l’oeil tant qu’on ne les a pas tous identifiés, un par un. Mais ces bruits là on les aime bien, comparé à ceux qu’on a eus par la suite … et qui, une fois arrivés, ne nous manquent pas du tout !!
c’est cool de pouvoir vous lire alors que vous etes au milieu d’une carte toute bleue…
et oui, maintenant vous avez la tete a l’envers aussi, ca fait bizarre !! vous avez teste le vidage de votre evier ?? pour le tourbillon ?
et puis les jours vont etre de plus en plus courts pour vous du coup… pas rigolo si eole et la mer font mumuse la nuit…!
a bientot les zasticots et de toute facon je peux encore pourrir votre blog avec plein de commentaires meme depuis le bush australien, NA !!
bisous la schnapsfamily !
On n’a pas trop testé le tourbillon en mer parce que ça bougeait trop, mais là on a effectivement testé (après avoir bien vérifié que ça tournait dans le bon sens à Panama), et ça marche, ça tourne à l’envers !!
Les jours sont en effet de plus en plus courts mais vue la latitude à laquelle on se trouvait et où on se trouve maintenant ce n’est pas vraiment perceptible (on est loin des 3 minutes par jour des latitudes tempérées)