Dans cet article, vous trouverez nos retours d’expériences, après un demi tour du monde sur les choses qu’on a installées ou pas pendant la préparation de Schnaps, et qu’on a bien fait de faire ou pas. Cela inclut en particulier le matériel, les investissements avant le départ, et autres.
Certaines choses que nous avons installées/emportées ne nous ont pas vraiment servi (le chauffage, les aussières flottantes de 100m, l’ancre parachute), mais ne sont pas mentionnées ici car soit elles auraient assurément été rentabilisées si nous avions suivi le plan original qui était de passer par la Patagonie, soit ce sont des éléments de sécurité qui sont surtout à bord car on espère ne jamais avoir à s’en servir. Pour un voyage par les alizés, l’ancre parachute est inutile, mais pour un programme un peu plus téméraire, ça peut se révéler intéressant. Nous n’avons pas non plus mentionné les choses évidentes qui équipent tout voilier hauturier digne de ce nom.
Ce qui nous a semblé quasi-indispensable :
Le régulateur d’allure : on en a déjà parlé dans un précédent article, mais Raymond a barré 90% du temps au large. 0 consommation électrique, un mouvement plus doux dans les vagues, robuste et facile à réparer au cas où. Le compagnon parfait, on aurait eu beaucoup de mal à s’en passer.
Un mouillage principal super fiable : Il y a un brouillon d’article sur le mouillage, qu’on publiera peut-être un jour, dans lequel vous apprendrez qu’avant de partir on a équipé Schnaps d’une nouvelle ancre dite « moderne » de 20 kg (une Spade) et de 50m de chaîne de 10mm. Une fois arrivés dans le Pacifique où on mouille profond, on s’est dit qu’on aurait dû emmener 80m, mais avec 50m par 15m de fond et 50 noeuds dans tous les sens, ça ne bouge pas. On n’a jamais dérapé (ah si, on a glissouillé sur 2 mètres en 2 jours de 35 noeuds à Beveridge Reef), et je peux vous dire que depuis qu’on le sait, on dort vraiment tranquille une fois que l’ancre est plantée.
Beaucoup beaucoup beaucoup de (grosses) manilles, (grosses) poulies et autre accastillage de base en rab’ : Clairette se demandait bien à quoi ça pourrait bien servir tout ce bazar. Heureusement qu’on l’avait quand les haubans ont pété au milieu du Pacifique, tout était sur le pont ou dans la mâture.
La BLU radio-amateur : L’installation est coûteuse et prend du temps, mais pouvoir communiquer avec les amis et la famille et recevoir les fichiers GRIB ou la météo par e-mail en pleine mer sans coût d’abonnement ni limitation drastique sur le volume des données (autre que la vitesse de connexion et le non-encombrement du réseau), c’est super. Et ça permet aussi de communiquer en phonie sur plusieurs milliers de km, intéressant en cas de pépin au milieu de nulle-part ou pour discuter avec d’autres navigateurs.
Une capote de cockpit : C’est à la limite de rentrer dans la catégorie « évident pour un croiseur hauturier digne de ce nom ». C’est tout simplement indispensable pour rendre le cockpit agréable dans la plupart des conditions, même quand ça souffle un peu ou qu’il y a de la mer. On a bien senti la différence entre le convoyage, sans capote et la suite du voyage, avec. Le nec plus ultra sera la capote rigide, mais on va quand même tâcher de prendre le temps de rentabiliser celle-là, vu le mal que Clairette s’est donnée pour la fabriquer. On a aussi beaucoup apprécié l’installation des cagnards à Panama, grâce auxquels on a été bien mieux protégés des vagues vicieuses.
De (très) bons outils, par exemple d’une marque qui commence par « Fa » et finit par « com » : le bricolage c’est une constante, autant que ça se passe le mieux possible. Avec de bons outils qui ne se plient pas en deux au premier desserrage d’écrou, c’est déjà bien moins désagréable. C’est cher mais on ne regrette pas l’investissement. Les nôtres, entreposés bien au sec, n’ont pas une trace de rouille après bientôt 3 ans à bord et, pour certains, quelques séjours en eau salée.
La possibilité de gréer deux focs en ciseaux (en l’occurrence deux focs de surface convenable, le génois et le n°1 pour nous) : dans les Alizés, c’est le top à partir de 120° du vent réel. Le régulateur d’allure n’a pas grand-chose à faire pour garder le cap, si le vent forcit il suffit d’enrouler un peu de génois. Aucun risque de départ au tas, la GV reste bien à l’abri dans son lazy-bag, ça avance bien et ça se garde la nuit en toute sécurité. Notre record ? 6 jours sans faire de manœuvre entre Raiatea et Beveridge Reef !
Ce qui est vraiment bien et qu’on ne regrette pas :
Le ballon d’eau chaude : Certes, ce n’est pas indispensable, on peut toujours réchauffer de l’eau à la bouilloire. Mais avoir de l’eau chaude au robinet pendant 48h chaque fois qu’on fait un peu (1/2h) de moteur, on peut vous dire que c’est hautement appréciable.
L’éclairage et les feux à LEDs : Se payer le luxe de pouvoir oublier d’éteindre la lumière sur un bateau où l’énergie est si précieuse, c’est quand même pas mal. Quand les feux de nav’ ou de mouillage consomment aussi peu, il n’y a aucune question à se poser, on les allume (on a même un détecteur de luminosité qui les branche automatiquement), même quand on doit économiser l’énergie en cas de panne de moteur.
Une antenne wifi à gain élevé avec son amplificateur : Grâce à la Boulette, on n’a jamais eu besoin d’amener un ordi à terre pour avoir du wifi. Ça limite les risques, aussi bien pendant les trajets en annexe où une humidification forcée n’est jamais à exclure qu’à terre où ça peut se faire voler.
Une alarme homme à la mer : Ça permet de mieux dormir quand l’autre est de quart même s’il va s’amuser à faire des manœuvres à l’avant tout seul la nuit (mais non Maman t’inquiète pas j’ai pas fait ça moi).
Un ordi de bord peu gourmand en énergie avec écran wifi étanche et AIS : certes, c’est bien plus poétique de faire le point au sextant, mais on apprécie d’avoir juste un coup d’œil à jeter de temps à autre à l’écran wifi étanche quand on bouquine pendant le quart de nuit dans le cockpit ou quand on arrive dans un endroit inconnu. La VHF avec récepteur AIS est un super plus pour tout savoir (surtout les infimes changements de direction pour nous éviter) sur les cargos dans les environs en particulier dans les endroits fréquentés (Manche, Cap Finisterre, Panama …).
Un tirant d’eau réduit : ça, ça dépend moins de l’équipement que du bateau lui-même, mais ça aide vraiment pour accéder, mais aussi rester, à certains endroits et mouiller plus près de la plage (au hasard, quand le moteur de l’annexe ne veut pas démarrer, cf. plus bas).
Une jupe ou plate-forme à l’arrière : Ça aussi, ça fait plus partie du bateau que de l’équipement à proprement parler, même si ça peut se rajouter à un bateau existant. Ça sert à tout : aller faire pipi, découper le poisson, se laver sans mouiller tout le cockpit, monter dans l’annexe, poser les courses quand on revient. Bref, à tout !
Des casseroles et poêles avec manches amovibles : super pratique à la fois pour le rangement et la cuisine proprement dite (sur une cuisine à cardan quand il y a un manche qui dépasse c’est gênant). Faut juste faire attention à ne pas laver les mécanismes des manches dans l’eau de mer, sinon ça rouille fort !
Des bocaux et des joints et une cocotte-minute de bonne taille pour faire des conserves de poisson quand la pêche marche fort.
Une machine à coudre robuste est très utile pour toute réparation un peu conséquente sur les voiles, les tauds ou capotes. Pas besoin de prendre une grande marque, nous on a de la « no-name » mais capable de coudre 9 épaisseurs de jean ou quelques épaisseurs de sangle.
Ce qui est pas mal mais bon :
L’éolienne : C’est super de pouvoir se permettre de regarder des films grâce à l’énergie produite par Irène l’éolienne quand on est bloqués à l’intérieur par la météo, mais si on fait le calcul, il faut brûler un paquet de litres de gasoil pour rentabiliser l’investissement de départ.
Les panneaux solaires : Sous les tropiques, un panneau solaire de 75W crête, produisant au grand maximum 4.5 A, c’est bien mais ça pourrait être bien mieux avec quelques-un en plus. Au portant notamment, où l’éolienne ne produit pas grand-chose. Mais vu le prix de ces bidules, là aussi, ça fait un paquet d’équivalent-gasoil avant de rentabiliser. Comme pour l’éolienne, il faut mettre un prix à l’agrément de ne pas avoir à supporter le bruit du moteur trop souvent.
Une vieille annexe et un moteur HB qui ne payent pas de mine : aucun risque de se la faire voler, même dans les endroits les plus mal famés. Les inconvénients sont que d’une part un moteur HB qu’il faut démonter à chaque escale pour qu’il daigne démarrer c’est vite fatiguant, et d’autre part une annexe qui – quand elle veut bien rester gonflée – colle à la surface de l’eau telle une ventouse c’est pas évident à faire avancer à la rame.
Ce qui ne sert à rien mais alors rien du tout :
La salle de bains : Non, c’est pas parce que c’est moi Tomtom qui écris cet article, c’est vraiment que la salle de bains à servi 2 fois en tout et pour tout depuis qu’on a Schnaps (pas à moi c’est vrai). Même lorsqu’il ne fait pas si chaud que ça, la toilette c’est dehors sur la jupe, à l’eau de mer et rinçage avec une bouteille d’eau douce tiède ensuite (bouteille dont on a percé le bouchon de plein de petits trous pour faire comme si c’était une pomme de douche). Ça permet non seulement d’économiser l’eau douce mais aussi de ne pas trop humidifier l’intérieur du bateau.
Un caquelon à fondue : Oui, bon, ça, on l’a oublié au fond d’un coffre en chargeant la dernière voiture à destination de chez Tomtom avant de partir de Lorient. On a quand même fait une fondue en arrivant en NZ, histoire de dire qu’il n’a pas fait le trajet pour rien.
Un moule à gaufres : Un peu pareil, oublié avec le caquelon au fond du même coffre. Quoique, il a permis de remplacer celui officiel de Mangareva pour les portes ouvertes du CED.
Une galettoire : Celle là par contre on l’a emmenée volontairement. On ne s’en est quasiment jamais servi, mais on se souviendra longtemps de la soirée galettes sur le lac Gatùn. C’est quand même grâce à elle qu’on a recruté nos linehandlers pour le passage de Panama !!
Ce qu’on aurait apprécié d’avoir :
Un enrouleur de trinquette ou de n°1 : Actuellement, on a un n°1 (voile d’avant plus petite qu’Eloi le génois) sur étai largable. Quand le vent forcit, il faut aller à l’avant, installer l’étai largable, endrailler et hisser la voile. En général quand on l’installe il est trop tard car on a eu la flemme (20 noeuds, ouais mais ça va diminuer … ah, 21, mais la météo dit que ça va se calmer, ah tiens non, 23 …) et du coup ça secoue, ça mouille et il fait nuit noire. On serait bien moins réticents à réduire la voilure s’il suffisait de tirer sur deux ficelles depuis le cockpit pour changer de voile.
Un spi ou gennaker : Parce qu’en dessous de 10 noeuds de vent, on était systématiquement scotchés. Une grosse bulle à l’avant aurait pu nous aider à être bien plus efficaces dans le petit temps.
Un montage correct pour l’hydrogénérateur : C’est prévu pour la prochaine fois, mais ne pas hésiter à surdimensionner le support de l’hydrogénérateur par rapport aux efforts à encaisser. Le problème ne vient pas des efforts, mais des vibrations. Le fait de ne pas avoir prévu le coup nous a privé de 1 A par nœud en permanence, de quoi ne jamais démarrer le moteur en nav’.
Un gréement dormant neuf au départ ou alors plein de pièces pour pouvoir réparer l’ancien en cas de pépin. Confiants dans notre appréciation de l’état initial de nos haubans, nous pensions que si un toron venait à rompre, ce serait bien le diable si on devait se trouver loin de tout abri, au milieu de rien … Raté !
A suivre prochainement, la liste des améliorations dont nous avons eu l’idée au cours des 15 000 milles parcourus avec Schnaps et que nous prévoyons avant le prochain voyage …
Ah merci les amis, c’est drôlement intéressant et exhaustif – surtout quand on a expérimenté certains desdits équipements avec vous – et puis ça donne des idées. Notamment pour ceux qui envisageaient de prendre sorbetière, machine à croque-monsieur et appareil à raclette durant une éventuelle traversée…
On attend avec impatience le tome 2 sur les améliorations et on vous fait des bisous !
Pour la sorbetière on ne sait pas, mais il faut savoir que notre moule à gaufres fait aussi machine à croque-monsieur. Téfal, tu penses à tout (même si bon le design des poignées est pas top et fait que si on appuie trop fort c’est toupété).
Et là en ce moment branchés au quai on s’en sert pas mal de la machine à croque-monsieur.