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Iles Scilly > Irlande

Oui, bon, ok, on n’est pas allé droit du tout ce coup ci. Non, on avait pas picolé, par contre Eole peut-être un petit peu. Vous comprendrez pourquoi en lisant ce qui suit !

Après 3 jours d’attente, qui ne furent pas désagréables étant donné le cadre, le vent de nord-ouest se calma enfin pour laisser la place à un sud-ouest plus avenant (en tous cas pour nous !). C’est donc bien reposés que nous levâmes l’ancre au petit matin pour prendre la mer, et pas n’importe laquelle, la mer Celtique, pas franchement réputée pour être la plus tranquille de toutes.

Après un petit tour dans les Scilly et devant St Mary’s Harbour pour récupérer les derniers fichiers GRIB et envoyer un petit mail aux familles, Schnaps fut lancé à presque 6 noeuds, avec un peu moins de 15 noeuds de vent, plein travers direction le Fastnet.

En effet, on a prévu soit d’aller jusqu’à Galway, si tout se passe bien (i.e. si le bateau, le vent et l’équipage sont d’accord), soit de faire une pause à Baltimore, petit port sympathique (3 pubs) du Sud-Ouest de l’Irlande où Tomtom a passé quelques semaines il y a … oulah … plusieurs années. D’où l’objectif du Fastnet.

Ciel de mer Celtique

Comme il était attendu que le vent passe du Sud-Ouest à l’Ouest puis au Nord-Nord-Ouest, on prévoyait de rester sur le même bord au travers d’abord, au près ensuite jusqu’à la bascule de NNW pour se retrouver après un virement déclenché pile poil au bon moment à peu près sur la bonne route (on défend notre stratégie comme on peut Smile ). Un petit tiers du trajet fut donc avalé à bonne vitesse au travers, nous laissant de faux espoirs quant à l’heure d’arrivée, et, comme prévu, le vent refusa (c’est à dire qu’il prit une direction de moins en moins favorable pour nous). Par contre, comme pas prévu, il mollit aussi, alors qu’il devait forcir. Mais c’était une ruse. Au coucher du soleil, il avait pris sa juvamine (pas malin de prendre ça juste avant de dormir !) et paf, des rafales au dessus de 20 nœuds, montant parfois à 25, au près. Corentin le numéro 1, que l’on avait essayé pas plus tard que le matin même au mouillage, se réjouissait d’avoir enfin l’occasion de se dérouiller les laizes (et de s’aérer un peu, le pauvre ayant passé un peu trop de temps au fond d’un coffre où il y avait une fuite de gasoil). Etai largable, mousquetons, écoutes, drisse, enroulage d’Eloi le génois, et hop, il était en l’air (là c’est résumé, sur un bateau qui bouge et cabriole ça occupe un moment de faire tout ça !). Et là, on borde un petit peu pour quand même faire un minimum de cap, il est là pour ça Corentin, quand même, et crac ! Un grand bruit de voile qui fasseye, la drisse sur le pont, et un Tomtom désespéré.

On aurait pu se dire que c’est notre bricolage avec la poulie tenue par une garcette qui a lâché. D’ailleurs c’est ce que j’ai cru, au début. Mais non, c’est la fixation de la poulie d’origine sur le mât (6 gros rivets, quand même) qui a cassé. C’est vrai que ça paraissait bizarre, 6 rivets pour tenir une poulie qui supporte une voile de mauvais temps, mais ça avait tenu jusque là, et ça avait l’air de tenir encore …

La poulie d’étai larguée, et notre bricolage qui a vaillamment tenu la route…

Il doit y avoir une loi pour que quand on a testé un truc au port (en bourrinant sévèrement dessus, quand même), puis dehors en conditions un peu musclées pendant un peu de temps (suffisamment pour que si ça avait dû péter ça ait pété), eh bien ça ne pète qu’au large, quand on a vraiment besoin dudit truc, qu’il fait nuit et que ça forcit. Merci Murphy (un Irlandais, d’ailleurs …).

Bref, nous voici à devoir faire du près par 20-25 nœuds de vent sans numéro 1, et donc avec un génois enroulé qui ressemble plus à un sac à patates qu’à une belle voile de près bien plate. On avait déjà essayé, pendant le convoyage, en face d’Antifer, et on avait avancé de 5 milles en 4h. Du coup, pas la peine de tenter de faire du cap, on enroule quelques tours de génois et on abat franchement, histoire d’avancer quand même vers le Nord. Et pourvu que ça se calme, ou du moins que ça ne se détériore pas.

Au matin enfin, le vent mollit un peu, et on peut redérouler le génois pour envisager de faire un près correct … mais qui nous emmène sur Cork plutôt que le Fastnet. La bascule de Nord-Nord-Ouest n’est jamais venue, et désormais le vent souffle plein Ouest après un timide passage à l’Ouest-Nord-Ouest. Murphy est encore avec nous ! Le vent change sans arrêt, mollit, forcit, faiblit … Heureusement qu’il y a un peu de soleil pour maintenir le moral. On ne sera pas au Fastnet ce soir, tant pis, on va se trouver un mouillage tranquille, histoire de se reposer un peu (Clairette de son mal de mer contre lequel elle a lutté mais qui est revenu quand même, et moi de la fatigue des quarts un peu longuets). C’est ainsi que l’ancre fut jetée dans la baie des Seven Heads, pas loin de Kinsale.

Baie des Seven Heads, joli mouillage reposant

Le lendemain, belle journée en apparence, soleil, petit vent de 10-15 nœuds (bon, plein Ouest-Sud-Ouest, pile là où on va mais doit-on encore s’en étonner ?) et Clairette qui n’a plus le mal de mer, alors que ça bouge un peu lorsque l’on s’éloigne de la côte. Victoire !

Oui mais, car il y a un oui mais … Au cours d’un virement de bord, on se met à 2 pour border Eloi le génois (et ses respectables 46 m²) : Tomtom est à la manivelle et au moment de passer en 3ème vitesse : « cloc ». Pas un gros craquement qui fait peur, non, juste « cloc ». Pas moyen de border plus, même en 2ème vitesse, ça bloque. Bon, tant pis, on le laisse comme ça jusqu’à la prochaine manœuvre.

Une fois le winch libéré de son écoute, le verdict fut sans appel : la manivelle tourne dans le vide, winch pété. Bon, ok, il a 30 ans le bougre, mais ne pas être capable de border un génois par à peine 15 nœuds de vent, c’est quand même un peu fort. Nous avions justement enroulé le génois et démarré le moteur pour cause de vent montant à 20-25 nœuds (nous n’avons toujours plus de moyen de hisser une autre voile d’avant et comme on l’a dit plus haut Eloi enroulé au près ce n’est pas la peine d’y penser), et avons donc eu le temps de démonter complètement le winch et de constater les dégâts :

Il a fini sa carrière, ce pignon

 

Winch démonté, en petits morceaux

On se console en se disant qu’il n’y a pas qu’à nous que c’est arrivé, sur le même modèle de bateau, et surtout qu’il vaut mieux que ça nous arrive ici qu’au milieu de l’Atlantique ou qu’en Patagonie …

On a envisagé 5 minutes de faire refaire la pièce cassée, mais ça ne serait pas raisonnable, ce serait très cher et une autre pièce casserait probablement rapidement. Les winches ont 30 ans, ils faisaient un bruit de sable quand on a acheté le bateau, ils sont fatigués et ont probablement fait leur temps. On a eu beau les nettoyer avec amour, essence et brosses à dents, les regraisser bien comme il faut, ça n’a apparemment pas suffi pas pour leur donner une deuxième jeunesse. Tant pis, on va casser la tirelire, et commander des beaux winches self-tailing (sur lesquels on n’a pas besoin de tenir le dormant, grand luxe !) tous neufs, un peu surdimensionnés pour qu’ils résistent à la force surhumaine d’un Tomtom dans la force de l’âge.

Tout ne fut pas complètement perdu ce jour là, puisque nous sommes arrivés à Baltimore et avons sauté à terre pour siroter nos premières bières irlandaises (Guinness et Smithwicks, prononcer ‘Smiliks’), bien méritées après une séance de rame pour remplacer au pied levé le moteur de l’annexe qui apparemment n’apprécie pas trop l’essence pas fraîche, y en a qui sont difficiles j’vous jure !

Guinness is good for you

Nous laissons le mot de la fin à une Française très sympa qui nous a accueillis à la base des Glénans de Baltimore où nous étions venus pêcher les horaires de marée, nous a posé des tas de questions sur notre projet, et s’est exclamée : « Est-ce qu’on peut dire que c’est romantique ?? »

Si elle savait … on n’avait pas encore examiné l’aspect romantique du démontage de winch, les doigts pleins de graisse sale, en pleine mer Smile


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6 comments to Iles Scilly > Irlande

  • mamounnette

    Merci pour toutes ces nouvelles, en vous souhaitant que les beaux winches arrivent rapidement et vous facilitent la tâche !

  • Lucie et Guillaume

    Hello les jeunes,
    Bravo pour votre départ et le bonjour aux gaéliques d’Irlande. Vous pouvez descendre une Guinness à notre santé.
    Comme dirait notre ami Georges Pernoud (on est vendredi soir): « Bon vent et à la semaine prochaine! »

    A +
    Lucie & Guillaume
    PS: Si tu cherches bien sur l’ile Thomas, il y a un mec qui s’appelle Largo pour ton winch.

    • Si tu cherches bien sur l’ile Thomas, il y a un mec qui s’appelle Largo pour ton winch.

      :) :) z’avez pas son numéro sous la main ?
      Sinon on peut descendre des tas d’autres choses à votre santé : Murphy’s, Smithwicks, Bulmers … Vous préférez quoi ? Je ne sais pas si on fera assez de pubs pour tout goûter …

  • Choupinette

    Concernant la reparation du winch HS, notre ami Bourriquet propose d’utiliser la même solution technique qu’il a adoptée il y a qqes années, et qui lui donne entière satisfaction : pour résoudre ses problèmes de queue qui tombe, il a mis une punaise rose. Ça vaudrait le coup d’essayer.

    Sinon pour le génois, j’ai une bonne recette de gateau, autrement appelé « pain de gêne ». Si ça peut aider…

    • Hobbes dit que ça doit faire mal une punaise rose dans les fesses, et qu’il est un peu zinzin bourriquet. Mais bon, on va étudier la punaise sur le pignon…
      En ce qui concerne le pain de gênes on n’a pas encore testé, j’ai dû m’égarer en faisant de l’exquis de cyrano et du gâteau à l’orange de ma mamie (décliné au pamplemousse, pas mal aussi), je vais étudier nos réserves sucrées pour lancer la fabrication d’un pain de gênes…

  • Mamodile

    Bon, ben, quand Schnaps aura fini sa crise d’adolescence, il sera tout disposé à écouter son équipage, et résister aux rudesses des voyages…
    je vous souhaite meilleur vent, réparation rapide et pas trop pénible, cette fois, et … de sages dégustations de Guinness, puisque c’est bon pour… tout le monde -et peut être contre le mal de mer aussi ?-

    Bisous bisous

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