juillet 2011
L M M J V S D
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031

Archives

A donnant, donnant et demi

S’il est un jeu auquel les Mangareviens n’aiment pas perdre c’est celui du « je te donne, tu me donnes ».

On avait déjà compris, en arrivant, qu’il fallait oublier tout ce qu’on avait déjà vu auparavant, dans les Antilles ou à Panama. Là-bas, on nous sautait dessus, on essayait de nous vendre tout un tas de trucs dont nous n’avions pas forcément besoin au prix le plus fort possible, parfois en allant frapper à notre bateau alors que nous étions au mouillage au milieu d’une baie … On était des portefeuilles flottants. Idem dans les structures d’accueil « officielles », où les tarifs n’étaient pas fixés en fonction des coûts d’entretien ou de maintenance, mais en fonction de ce que l’équipage lambda en croisière sur un bateau de location était prêt à allonger.

Ici, rien à voir. Personne ne vous saute dessus sitôt l’ancre jetée (et heureusement, car on était crevés !). Une fois à terre, tout le monde dit « bonjour » à tout le monde. Un « bonjour » chantant qui fait durer la dernière syllabe, un « bonjour » qui invite, qui veut dire en même temps « bienvenue » … Et quand on a une question à poser, ou besoin de quelque-chose sur cette île que l’on découvre après 4000 milles d’Océan, on n’a même pas le temps de dire merci qu’on a déjà la réponse. Sans jamais que rien ne soit demandé en échange : on nous donne des fruits ou des légumes, on nous propose de nous emmener en voiture, on nous accueille comme si on faisait partie de la famille, on passe du temps avec nous à nous raconter la vie de Mangareva …

Ça nous a beaucoup embarrassé au début, car nous notre dada c’est les gâteaux, mais quand on n’a pas de sous pour acheter des œufs, du beurre, de la crème ou du chocolat, on ne peux pas cuisiner pour remercier tous ceux qui nous aident, nous donnent des fruits et des légumes, font tout pour qu’on se sente bien à Mangareva.

C’est seulement lorsque l’on a pu, nous aussi, commencer à jouer, c’est à dire à essayer de donner aussi, que l’on a compris : on ne gagnera jamais. On pensait que cet échange pourrait trouver un équilibre, qu’on arriverait à « faire le poids », mais non : plus on donnait, et plus on recevait encore. On a compris qu’au jeu de celui qui donne le plus, le Mangarévien l’emportait toujours, quelque soit notre embarras et quelque soit notre volonté de donner autant que tout ce qu’on a reçu …

Mais patience, ce n’est que partie remise : on reviendra …

galipetteCouronne.jpg

Galipette s'est même retrouvée parée d'une couronne de fleurs de Tiaré !


Cet article en PDF


3 comments to A donnant, donnant et demi

  • Dom

    Qu’il est agréable et rassurant de voir perdurer de tels usages.
    Un célèbre sociologue breton (lucien gouronc) a décrit un type de comportement similaire sur nos îles: un samedi soir chez ty bedeff, tu offres une tournée, tu en reçois 1 1/2 ou plus puisque, plus il est tard, plus il y a de monde.
    On sait où ça mène (à la beudazée bien sûr) mais là aussi, on revient quand même (enfin, les autres!)…
    Gros bisous à vous deux
    Dom (JF vous écrira plus tard, je ne suis pas sûre qu’il s’associe à un message de cette sorte)!

  • Mamodile

    Qu’elle est jolie, Galipette ainsi parée ! La vie de Mangareva vous laissera une bien belle empreinte, et votre témoignage une preuve que l’être humain n’est pas une espèce complètement égarée dans le matérialisme et ses travers… Belle prochaine traversée et bisous …

    • Merci Mamidylle t’es gentille de dire que je suis jolie
      moi j’aimais bien Mangareva parce qu’il y avait des bananes et des gens gentils qui donnaient des bananes et des couronnes de fleurs
      Par contre je sais pas ce que tu dis quand tu parles de matérialisme je sais pas ce que c’est faudra que tu m’expliques un jour. Bisous
      Galipette

Leave a Reply

You can use these HTML tags

<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>